Vous l'avez peut-être oublié, mais Forza Horizon 2 n'est pas une exclusivité Xbox One: le jeu existe également sur Xbox 360. Et il faut dire que la communication autour de cet épisode a été pratiquement inexistante, c'est tout juste si l'on a su que les deux versions sortiraient le même jour. On avait appris un peu plus tard que pour la Xbox 360, ce serait Sumo Digitals qui s'y collerait. Sous-traitement, aucune image ni vidéo avant la sortie du titre... Il y avait de quoi être inquiet. Et maintenant que l'on a eu le jeu entre les mains, on comprend pourquoi on avait si peu entendu parler du jeu jusque-là.
Parlons peu, parlons bien: Forza Horizon 2, lors du test de la version Xbox One, m'avait bluffé. Il y avait un moment que je n'avais pas autant apprécié un jeu de course. On serait donc tenté de croire qu'il en serait de même pour la version Xbox 360 du jeu, mais ce serait aller un peu vite en besogne. Le jeu n'a pas été développé par Playground Games, mais par Sumo Digital, un petit studio basé dans le nord de l'Angleterre; on les connaît notamment pour les portages Wii de FIFA 09 et FIFA 10, les deux Sonic and All-Stars Racing, et quelques jeux de courses automobiles, comme OutRun Online Arcade ou les portages Vita et 3DS de F1 2011. Un CV intéressant, même s'il n'est pas particulièrement brillant. Qu'importe, on se disait que Playground Games serait quand même derrière et qu'au pire, le jeu serait juste moins beau (logique). On était loin du compte.
Un voyage dans le temps
Alors certes, Forza Horizon 2 version Xbox One ne restera sans doute pas dans les annales pour son aspect visuel (même s'il est très réussi), mais sur 360 autant dire que le constat est tout autre. Disons-le clairement, le jeu est... laid. C'est le mot. Et c'est frappant dès les premières secondes de jeu. Les voitures sont plutôt bien modélisées, mais les carrosseries sont fades, les décors affichent des textures assez immondes par endroits, et on remarque assez vite aliasing et clipping à la pelle. Que ce soit un monde ouvert, je veux bien, mais il y a quand même un minimum syndical à assurer, et là le travail n'est tout simplement pas fait. Le premier Horizon, sorti il y a 2 ans, était largement plus beau. C'est simple, on se croirait de retour en 2005, 2006, sur PC. A l'écran, les pneus passent à travers le goudron, les textures supposées faire penser à des champs labourés bavent dans tous les sens, les ombres clignotent, et on peut même voir à travers certains véhicules présents dans le trafic, qui est soit dit en passant bien moins important que dans la version One. Quelques effets de lumières, notamment au soleil couchant, sont plutôt bien réalisés, mais c'est à peu près tout. Comme il n'y a plus de météo dynamique (en tout cas après plus de 7 heures de jeu, je n'ai toujours rien vu), on ne peut même pas compter sur les jolis effets d'eau que l'on peut avoir sur One, notamment sur la carrosserie. Ici, assez peu de voitures vous donnent en fait l'impression d'être faites de métal. En temps normal je ne suis pas quelqu'un de terriblement exigeant lorsque je joue à un jeu, mais là, sans blague, mes yeux ont parfois pleuré des larmes de sang. C'est d'autant plus incroyable lorsque l'on se rappelle du premier Forza Horizon, qui était franchement sublime. Mais s'il n'y avait que ça...
Une conduite vraiment ennuyante
C'est là que cela devient vraiment terrible. Soyons d'accord, Forza Horizon et Forza Horizon 2 ne prétendent pas être des simulations automobiles. En revanche, ils proposent des sensations de conduite très agréables, notamment lorsque l'on bidouille la difficulté et que l'on enlève les multiples assistances qui existent. Dans Forza Horizon 2 «One», on obtient ainsi une conduite nerveuse, qui peut se montrer exigeante et même punitive par moments, avec une gestion des transferts de masses très convaincante, ainsi qu'une superbe impression de vitesse. Bref, c'est de l'arcade, mais de l'arcade très plaisante, de haut niveau. Sur 360... c'est une autre paire de manches. Globalement, après avoir essayé à fond 4 véhicules différents (une Toyota Supra, une Charger de '69, une Nissan GTR et la nouvelle Corvette Stringray), je n'ai pas vraiment senti de changement. Vos bolides restent mollement collés à la route, prennent les virages à 150 km/h sans trop de soucis, et de manière générale, on ne les sent pas. Cela donne la sensation de piloter un marshmallow à roues, léger et tout mou, ce qui est aussi décevant que soporifique. Reste que l'impression de vitesse est plutôt bonne, mais ça ne fait hélas pas tout.
Forza Horizon 1.5
Finalement, la chose la plus frappante reste le nombre d'éléments qui ont disparu, lorsque vous avez déjà joué à la version One du jeu. Que la Xbox 360 ne puisse pas gérer une météo dynamique, on y croit moyennement mais à la limite, pourquoi pas. En revanche, rien ne justifie la disparition des nouvelles options de personnalisation de vos voitures, comme ces nouvelles peintures (camo, acier brossé, bois, etc.), le Wheelspin, et même le principe de Road Trip, complètement absent du jeu. Techniquement, vous étiez supposé passer de spot en spot, en compagnie d'autres pilotes, en vous baladant gentiment avant de faire rugir vos moteurs dans de vraies courses. Ici, vous allez où on vous dit, sans aucune forme de mise en scène, vous remportez vos quatre courses, et vous passez à un autre lieu. Cela peut paraître sans importance mais on se rend ainsi compte que Horizon 2 avait une âme, sur One, et on appréciait ces petites virées entre pilotes. Si la circulation est plus absente encore que sur next-gen, ce qui gêne véritablement est l'apparition de nouvelles barrières qui n'existaient pas dans l'autre version du jeu et qui réduisent de fait la surface où l'on peut circuler. On parle ici de barrières physiques, bien visibles, qui ne peuvent être détruites, mais aussi de barrières invisibles, qui, en ville, vous empêchent de passer dans certaines ruelles... alors que sur One, on n'avait pas ce problème. C'est assez surprenant et désagréable lorsque vous vous en rendez compte, lancé à 140 km/h...
On se retrouve donc avec un jeu pas si différent du premier Horizon, et les développeurs ne nous aident pas à penser le contraire. On n'a plus droit aux réglages façon Forza Motorsport, les éléments online n'apparaissent plus sur la carte, mêlés au solo; les nouvelles peintures dont je parlais plus haut ont disparu mais ont été remplacées par les «peintures spéciales» déjà présentes sur le premier jeu, et tous les nouveaux vinyles ont disparu, ne conservant que ceux que l'on pouvait sélectionner lors de nos rodéos dans le Colorado. Les dégâts moteurs et usures des pneus ont purement et simplement disparu, comme les nouvelles radios: comme dans le premier jeu, vous devrez vous contenter de 3 radios (Pulse, XS et Bass Arena). Beaucoup de choses ont disparu donc, mais pas uniquement.
Vite fait, bien fait?
Globalement, le jeu donne l'impression d'avoir été fait à la va-vite, d'abord à cause de tous les écueils cités précédemment, ensuite parce que certains éléments ne trompent pas. Par exemple, dans les écrans de chargement, vous trouverez parfois des copier-coller de textes issus de Horizon, comme celui vous disant que Phoenix, l'animateur de la radio Horizon Rocks, était un individu peu fréquentable... Eh bien ce même texte est ici directement recopié dans Horizon 2, et mis à jour (le nom de l'animateur devient celui du DJ de XS, la nouvelle station rock). En outre, on constate au début du jeu que les dialogues n'ont pas été doublés en français... jusqu'au prochain dialogue, qui lui l'est. Manifestement les dialogues des quelques cinématiques du jeu ont simplement été sous-titrées, tandis que les consignes envoyées par Ben, le big boss du festival, elles, sont bien doublées dans la langue de Molière. Le pire, c'est sans doute que certaines animations reviennent alors qu'elles n'ont rien à faire là, comme celles qui se déclenchent lorsque vous traversez des cultures. Voir des planches de bois voler en éclats, lorsque l'on traverse une vigne, c'est normal et ça rend la traversée assez amusante, ça l'est beaucoup moins lorsque l'on retrouve ces mêmes animations en traversant un terrain qui tient plus du champ de fraises que de la plantation de palettes. C'est vraiment ridicule.
Points forts
- 200 véhicules, et il y en a pour tous les goûts
- Les véhicules sont plutôt bien modélisés
- Les sons assez convaincants
- De nombreuses épreuves
- Un online efficace
- La personnalisation des véhicules, toujours aussi efficace
Points faibles
- C'est vraiment laid
- Beaucoup trop de textures baveuses...
- ... d'aliasing...
- ... de clipping...
- Moins de liberté que sur One : barrières visibles ou invisibles, on s'en serait bien passé
- La conduite qui n'offre aucune sensation
- La physique des véhicules, plus proche du marshmallow que du bolide de course
- Les road trips n'existent plus vraiment
- Pourquoi priver la version Xbox 360 des nouvelles options de personnalisation (visuelles et techniques) de nos voitures ?
- Les doublages faits à moitié
- Les textes repris directement de Forza Horizon, vraiment ?
- Le sentiment que tout a été fait à la va-vite
- 3 radios, et c'est tout, pour les autres, ça sera uniquement sur Xbox One
- Du coup, pas de Radio Levante. Argh !
Forza Horizon 2, sur Xbox 360, est une blague qui pourrait être drôle si tant de joueurs n'attendaient pas avec impatience cette version du jeu, plus accessible pour ceux qui ne disposent pas de Xbox One. Le problème est qu'aucune information sur le jeu n'a filtré, jusqu'à sa sortie, et que de nombreux joueurs, se reposant sur les tests de la version One, vont acheter cette pâle copie les yeux fermés, pensant avoir le droit au même jeu, en moins beau. Alors que non: en plus d'être assez laid, le jeu se permet de mettre de côté de nombreuses nouveautés, et de proposer une conduite aussi plate qu'inintéressante. Sans oublier les doublages faits à moitié, les copier-coller de textes issus du premier Horizon, et surtout les nouvelles barrières qui remettent en cause l'un des principes de base du jeu: la liberté. Forza Horizon 2 est un excellent jeu de course sur One, mais est un bien mauvais coup fait aux joueurs Xbox 360. Sous-traitement, aucune vidéo ni image avant la sortie du titre: on pouvait se douter que le résultat ne serait pas fameux, mais on était loin d'imaginer que cela pourrait atteindre ce niveau de médiocrité.
Note de la rédaction
L'avis des lecteurs (93)
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